FABIENNE SARTORI


BLOG DE L'AUTEUR

 

Née à Nîmes en 1965, j’ai étudié la philosophie, l’archéologie et l’histoire de l’art contemporain à l’université. À la croisée des sciences humaines – littérature, psychanalyse, sociologie – l’histoire de l’art apprend à observer et à décrire. Les expositions et les textes critiques constituent des ressources précieuses, et bien souvent des points de départ concrets pour la réflexion. Parmi les artistes dont je suis les parcours figurent Dora Garcia, Till Roeskens et Lara Almarcegui dont les œuvres sont ancrées dans une géographie physique et humaine. Un master en Histoire-histoire de l’art contemporain m’a permis de découvrir les œuvres inscrites dans l’espace public, et notamment l’art sur les campus.

De la bibliothèque des chantiers navals à celle de l’université, les rencontres capitales et lumineuses marquent un parcours balisé par les livres. Avec Kristin Ross, Annie Ernaux, Antoinette Fouque, des auteures découvertes après les études, j’ai emprunté les petites routes secondaires qui m’ont conduite à l’essentiel de ma vie et permis de décider ce que je souhaitais écrire. Le fait de devenir mère fut également une véritable expérience du corps, une expérience fondamentale du réel, à laquelle rien ne prépare véritablement, et où on éprouve avec acuité, à notre époque soi-disant hypermoderne, les pesanteurs de l’ordre social. Autre expérience capitale, j’ai eu la chance de côtoyer les militants et les personnes engagées dans la transformation de la société à l’heure où beaucoup de citoyens semblent indifférents ou baissent les bras.



J’ai commencé à écrire Nouvelles du chantier naval au moment des émeutes de 2005. Au départ, mon projet était de recueillir les témoignages des anciens travailleurs, de leurs épouses, de leurs enfants. Le fil directeur était cette question : « Que sont devenus les enfants des chantiers ? » Les rencontres et les découvertes littéraires et artistiques l’ont fait évoluer au fil du temps. Il faut entendre Nouvelles au sens journalistique (pendant longtemps j’ai guetté des nouvelles des grèves et de la fin des chantiers à la télévision) mais aussi dans un sens littéraire (récits courts et formes brèves). Il s’agit d’un regard de fille d’ouvrier et de femme sur un monde disparu. Un point de vue surprenant pour ceux qui occupent généralement le terrain de la mémoire des chantiers, le plus souvent des hommes (syndicalistes, ingénieurs et travailleurs, agents culturels et politiques). Les témoignages et les souvenirs sont écrits librement, un peu à la façon des exercices d’invention proposés dans les ateliers d’écriture. Ainsi, Nouvelles du chantier naval n’est pas un lamento et j’espère que les lecteurs auront autant de plaisir à lire certain récits désopilants (notamment, les visites à l’ANPE) que j’en ai eu à les écrire.

Le chantier, comme lieu emblématique de la désindustrialisation et des luttes sociales, représente aussi un point d’appui abstrait et universel pour évoquer le destin des travailleurs confrontés au chômage, ici et ailleurs, et de façon chaque jour plus préoccupante. Le chantier continue à inspirer et à produire des choses, des pensées et des textes.

© Editions Vanloo
© Editions Vanloo

Nouvelles du chantier naval

 

paru en septembre 2015

disponible - en vente sur ce site