Avec une planche pour tout décor, une compagnie de théâtre débarque dans un village. Grâce à leur notoriété et à leurs subventions, les comédiens pensent pouvoir travailler sérieusement et jouer une ode ronronnante à la nature. 

Malicieusement, Amélie Lucas-Gary emmène les acteurs sur un territoire qu’ils ne connaissent pas. Et ils sont perdus. « Hors de leur bocal ». Leur discours, ici, ne trouve pas lieu d’être. Leur désarroi est palpable et le texte du théâtre se fissure sous les coups d’un narrateur de roman : on leur donne une clé pour laquelle il n’a jamais existé de serrure, on retrouve un bijou qui n’avait jamais disparu… 

Le réel rural prend une épaisseur de fiction et le théâtre apparaît comme une planche de salut, pour tous.

On retrouve l’esprit satirique d’Amélie Lucas-Gary (qui fit des merveilles dès son premier roman) ; elle vise les certitudes qui n’en sont pas, et s’effondre, les désirs qui cachent autre chose, la peurs qui jamais ne nous quitte et que le silence et le calme rendent si audible

C’est aussi la pièce du théâtre qui se regarde, et qui ne se reconnait plus. Les spectateurs voudraient qu’on parle d’eux, les comédiens aussi. Le statut des uns et des autres n’est plus très clair, le public pourrait être comédiens, et les acteurs, spectateurs d’une pièce qui ne se jouera jamais.